Un hiver apocalyptique sous Le poids de la neige

Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 2017

Résultats de recherche d'images pour « le poids de la neige christian guay poliquin »Titre : Le poids de la neige

Auteur : Christian Guay-Poliquin, né en 1982, a publié en 2013 son premier roman Le fil des kilomètres chez La Peuplade.

Résumé : À la suite d’un grave accident de voiture, un homme se retrouve, avec les jambes cassées, dans une petite ville coupée du reste du monde. Matthias, un vieil homme temporairement installé au village, prend soin de lui.

Propos : Le roman traite de la solitude, de l’abandon, du vide existentiel et de la condition humaine.

Points forts :

  • Le roman se situe dans un temps et une époque indéterminés, dans un univers apocalyptique qui entraîne une inquiétude constante chez le lecteur. L’auteur réussit avec brio cette ambiance étouffante: «On dirait que je m’enfonce plus que je n’avance. Je guette la porte avec une crainte qui appartient aux animaux sauvages.»
  • L’auteur utilise des champs lexicaux qui tournent autour de la noirceur et du froid, ce qui crée une atmosphère lourde et réussie : «C’est l’hiver. Les journées sont brèves et glaciales. La neige montre les dents. Les grands espaces se recroquevillent.»
  • L’instinct de survie est accentué par l’individualisme de chacun des personnages. C’est en effet est rendu possible grâce à l’absence de leur état d’âme. 
  • Le texte lent propose un réalisme désarmant des événements vécus par les personnages. Chaque chapitre est défini par l’accumulation de neige au village, ce qui rend l’isolement des personnages étouffant.

Points douloureux :

  • Les personnages n’ont pas de personnalité, ce qui empêche les lecteurs de les trouver attachants. «Elle c’est Maria et l’autre c’est son mari, José, a-t-il déclaré en montrant la vétérinaire et le pharmacien.»
  • Malgré l’effet de réalisme, le roman contient parfois certaines longueurs qui peuvent ennuyer le lecteur.

Est-ce que ce livre mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens?

Christian Guay-Poliquin possède un style singulier, réaliste et qui lui taille une place de choix pour le Prix littéraire des collégiens.
Notre groupe attribue au Poids de la neige la note de 8.2/10.

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Citation préférée du groupe: «Je rassemble mon courage et me retourne sur le dos, les bras en croix, les paumes vers le ciel. Autour de moi les ténèbres rôdent. La nuit a faim. Et les flocons sont carnivores.» 

 

Crédit photo: Laurence Grandbois-Bernard

PAR

Julyann Bénard
Marie-Anne Audet
Fannie Thibodeau

Les maisons en crise de la quarantaine

Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 2017

Titre: Les maisons

Auteur: Fanny Britt est une dramaturge d’importance au Québec. Elle a écrit, entre autres, Honey Pie en 2003 (sa toute première pièce), Enquête sur le pire en 2010, Chaque jour en 2011. Elle est aussi traductrice et essayiste. Elle est reconnue à travers le monde pour ses romans jeunesse qui ont été traduits en plusieurs langues.

Résumé:  Tessa, mère et courtière immobilière, est confrontée à la rencontre inattendue d’un amour de jeunesse. Cette rencontre va l’obliger à remettre en question ses choix personnels et familiaux.

Propos: Le doute qu’emmène la crise de la quarantaine.


Points forts:  

  • On remarque inévitablement que Fanny Britt a beaucoup d’expérience en écriture dramaturgique, ses dialogues se lisent comme une pièce de théâtre:
    —Francis, quelle horreur, cette conversation.
    —Je sais. Une de nos meilleures.
    —C’est pas drôle.
    —Pardon. Je pensais pas à mal.
    —T’as jamais pensé à mal.
    —Tu dis ça comme si c’était un problème.
    —Je suis pressée. J’ai un pont dans la voiture.
    Les dialogues sont efficaces, rythmés, à la fois sérieux et humoristiques.
  • Les personnages (principaux et secondaires) sont complets et complexes, ils ont une personnalité, des doutes, des habitudes de vie: «Je me réveille en sursaut lorsque Jim rentre, juste avant minuit. Les bruits familiers de la clé dans la porte, de son trombone qu’il dépose sur le plancher et de la chasse d’eau des toilettes [...]»
  • Le roman nous confronte à nos propres valeurs vis-à-vis l’infidélité. Tessa brisera-t-elle son couple pour aller vers un autre homme? Les questions au futur torturent le lecteur: « Jim souffrira de ça, et je vais le faire quand même.»
  • Le personnage principal n’est pas le seul à illustrer les doutes de la crise de la quarantaine. Chaque personnage possède ses propres doutes. Par exemple, le personnage de Sophie doute constamment d’être au bon endroit. Dans sa jeunesse, il lui est souvent arrivé de partir en autobus vers un lieu inconnu ou encore de tenter toutes sortes de choses afin d’essayer de se trouver.
  • La maturité du style de Fanny Britt est la grande force du roman. Sa narration est travaillée. On voit un registre de langue familier où le populaire s’invite de temps à autre sans que ce soit exagéré ou inutile. Cela rend le roman délicat. « Je fais oui de la tête, parce que, c’est vrai, il est possible qu’on se rappelle, je vends sa maison après tout, mais en même temps que ma tête fait oui, il y a mes yeux qui disent See you never, alligator, et il le sait […]»

Points douloureux:

  • Le personnage du frère de Tessa arrive brusquement. Tout à coup, la narratrice en parle comme étant extrêmement important dans son histoire personnelle, alors qu’aucune allusion à ce personnage n’avait été faite avant le coup de fil de Francis.
  • Les doutes de la narratrice s’effacent trop rapidement et facilement. Après seulement quelques minutes, lors de la rencontre finale avec Francis, les questions qui l’assaillaient ne tiennent plus.
  • La fin du livre ne répond pas à toutes les interrogations du lecteur. On reste sans réponses sur des questions importantes, notamment sur celles qui sont liées aux motivations des personnages à poursuivre une relation à long terme.

 

Est-ce que Les maisons mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens 2017?

Son propos rejoint les lecteurs, ses personnages sont complexes, complets et ses dialogues, efficaces. Malgré une fin qui ne répond que partiellement, nous semble-t-il, aux interrogations du lecteur, Les maisons, de Fanny Britt a reçu, dans notre groupe, la note de 7.8/10.
Nous croyons que ce livre mériterait de gagner le prix littéraire. Il est un véritable plaisir de lecture.

 

Notre citation préférée: « Combien de temps à gémir que je voulais le voir, juste le voir? Cesse-t-on de vouloir ce que l’on a ardemment voulu à vingt ans?»

 

Crédit photo: Julie Perreault

 

PAR

Liliane Tanguay
Claudia Laporte
Victor Bélair

Des femmes savantes: constat d’une aliénation sexuelle

Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 2017

Titre : Des femmes savantes

Auteur : Chloé Savoie-Bernard est doctorante en littérature. Elle a aussi publié Royaume scotch tape, qui est son premier recueil de poésie, en 2015.

Résumé : Au fil des nouvelles, des narratrices, somme toute semblables, partagent leur mal-être. Sexualité, maquillage, attentes irréalistes et déséquilibre émotionnel dessinent une génération de femmes sans repères.

Propos : Le recueil pose un regard sur les déviances et les obsessions sexuelles de jeunes femmes à la mode.

Points forts :

  • Le style est travaillé. Dans cette citation suivante, par exemple, la gradation utilisée affirme une volonté de modifier son apparence chez la narratrice  : « […] cultiver ma cellulite avec amour, faire écouter de l’opéra à mes bourrelets comme à des plantes vertes pour qu’ils grandissent le plus rapidement possible, oui, absolument, devenir grosse, devenir pesante, obèse morbide […] », Halle Berry et moi.
  • Il y a belle maîtrise de la langue, variant entre le populaire et le littéraire: « Et puis je n’ai même pas d’enfants à qui servir du lait chaud et des biscuits pendant que je me tue. Sorry, moi c’est pas Nelly Arcand […] », Tu baignes dans la lumière.
  • En général, les lecteurs du Prix littéraire des collégiens sont de la même génération que les personnages du recueil. On peut ainsi croire que le livre rejoint ici une partie de son public cible.
  • Les douleurs des personnages: le mal de vivre, les multiples insécurités, le culte du corps touchent une certaine universalité des émotions des lecteurs.
  • Les textes sont rythmés. Même si certaines phrases sont très longues, aucune lourdeur n’est créée par l’auteure ou ressentie par le lecteur.

Points douloureux :

  • Le style et le contenu sont actuellement très utilisés chez les jeunes auteurs, particulièrement sur internet (ex. La Fabrique crépue, Urbania,  les humoristes de l’heure).
  • Le livre trace un constat incomplet de la condition féminine, un portrait unidimensionnel de celle-ci. Par exemple, le lecteur n’a qu’une impression, en terminant, c’est que la sexualité chez les femmes les détruit.
  • La grossièreté des propos est tellement présente que la provocation transparaît et ne choque plus : « Je te lécherai les couilles et te mettrai un doigt dans le cul au moment opportun », Liste des raisons pour lesquelles tu devrais m’aimer.

Est-ce que ce livre mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens?

Pour son style travaillé et accrocheur, le livre de Chloé Savoie-Bernard mérite d’être finaliste au Prix littéraire des collégiens. Néanmoins, la lourdeur de la vulgarité et la redondance des personnages alourdissent la lecture. Cela justifie notre note de groupe: 5,7/10.


Citation préférée du groupe:

« J’ai claudiqué souvent, mais il s’agit peut-être seulement de me tordre les chevilles, d’aligner mes genoux, mes chevilles et mes pieds pour arrêter de marcher à côté de moi, pour marcher dans mes propres pas. »

Crédit photo: Pedro Ruiz, Le Devoir

PAR:
Claudia Barabé
Chloé Leclerc
Jearim Lillo
Vanessa Huard-Zomorano