Le continent de plastique: un bon plan

Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 2017

Titre : Le continent de plastique

Auteur : Auteur prolifique, David Turgeon se fait d’abord remarquer dans le monde littéraire québécois avec sa bande dessinée, La muse récursive, en 2006. Il a désormais trois romans à son actif, quelques essais et plusieurs autres bandes dessinées.

Résumé : Un homme nouvellement détenteur d’un doctorat en lettres devient l’assistant d’un écrivain populaire. Plein d’ambitions, il se fait rattraper par la routine et ne parvient finalement jamais à écrire quoi que ce soit.

Propos : Le roman aborde le monde littéraire sous toutes ses formes. Tout comme le continent de plastique, il est artificiel et personne ne peut réellement y vivre en permanence.

Points forts :

  • L’auteur utilise la métaphore du continent de plastique pour représenter le monde de la littérature. Cela explique toutes les histoires incomplètes qui s’amalgament pour former LE « continent de plastique », qui est le livre en soi.
  • Le narrateur répète sans cesse qu’il ne sait pas écrire, ce qui est ironique, puisque la qualité de son niveau de langue durant les descriptions est remarquable: «J’écrivis sans doute quelques lignes, mais qui n’allaient nulle part, mon cahier restait presque blanc, son quadrillage inentamé attendant que j’y dresse des plans dont l’objet me semblait chaque jour un peu plus flou. Et cette langue que je croyais savoir manier avait curieusement quitté mes doigts : mes phrases étaient pataudes, couvertes de ratures, bonnes à rien.»  
  • La théorie d’appropriation-distanciation que le narrateur défend durant sa thèse se rattache à l’ensemble de ses relations, que ce soit avec le maître ou avec ses amis:«Rien n’était foncièrement mauvais, mais rien ne donnait non plus très envie ; ces récits potentiels qui peut-être m’avaient passionnés autrefois ne provoquaient plus en moi qu’une curiosité distante. Il me fallait quelque chose de neuf, qui corresponde à mes passions du moment…» 

Point douloureux :

  • Le plaisir de lecture est compromis par des longueurs et par le manque d’intrigues (certaines sont installées, mais elle ne sont jamais réellement complétées). Le lecteur peut se désintéresser du livre lorsqu’il comprend qu’aucune histoire ne sera bouclée.
  • La froideur des personnages peut sembler désagréable ou ennuyeuse au lecteur. La plupart des personnages n’ont pas une personnalité très bien définie ou une histoire détaillée.

Est-ce que ce livre mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens?

Pour son style fort et imagé et sa capacité à dépeindre le réel, l’œuvre de Turgeon a bien sa place au sein des finalistes. Toutefois, la complexité du texte et l’absence d’émotions nuisent au plaisir de lecture.

Notre groupe attribue au livre une note 5,7/10

Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir 

Citation préférée :

«Je suis, exposa le maître, ce que dans le métier on appelle un bon plan : j’écris, on imprime, ça vend.» 

 

 

 

 

PAR

Lolita Thiery
Sandrine Ducharme
Mélodie Lépine

Mektoub: Fatalités d’un monde illusoire

Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 

Titre: Mektoub

Auteur: Romancier, poète et dramaturge, Serge Lamothe œuvre dans le milieu littéraire depuis vingt ans et sait surprendre les publics québécois, américain et japonais avec des réalisations qui sortent de l’ordinaire. Son roman Tarquimpol (Éditions Alto) a été finaliste au Prix des libraires du Québec de 2007.

Résumé:  Maya, jeune femme téméraire, et Galaczy, archiviste à la vie monotone, se croisent de façon réelle et imaginaire toute leur vie durant. Coïncidence? Le titre suggère plutôt qu’il s’agit du destin. Tout semble tourner autour d’un accident survenu lors des Jeux olympiques de 1976, mais qu’en est-il vraiment?

Propos: Chacun perçoit la vie différemment, selon le filtre ou la croyance que l’on choisit.


Points forts:  

  • Serge Lamothe a une plume polyvalente, son style diffère d’un narrateur à l’autre.
    Par exemple, on peut voir le vocabulaire recherché du premier narrateur: « J’ai fait tabula rasa de toutes les inepties socialement acceptables, de toutes les turpitudes d’un quotidien néfaste et abêtissant, de toutes les conceptions erronées qu’on nous enfourne dans le crâne toute notre vie durant.» (p.12)
    La voix de Maya est plus rythmée: «Tu es ce puzzle insane, une énergie qui n’appartient pas à ce monde, une matière noire qui ravale toute la lumière du cosmos et la restitue sous la forme d’inestimables débris.» (p.81)
  • Les personnages sont solides. Celui de Maya est complet et bien construit, on connaît les détails de son enfance et de sa personnalité. Cela permet d’ancrer l’histoire dans le réel.
  • Le roman encourage le lecteur à faire des liens entre la vie des deux personnages. Parallèlement, il ébranle ses impressions en ne lui fournissant aucune confirmation ou explication quant à ce qui s’est réellement passé.
  • Dans le roman, on constate une recherche approfondie de chacun des points de vue, des croyances et des événements entourant les personnages. L’auteur s’est renseigné sur l’histoire de Montréal, l’astrologie, la futurologie, le système de recensement, la vie à Kuujjuaq, les traditions du Ghana, etc.

 

Points douloureux:

  • Le livre laisse incertain quant aux événements qui se sont produits ou non, car la barrière entre rêve et réalité est floue. Par exemple, d’un personnage à l’autre, les mêmes événements sont racontés différemment, ce qui pousse le lecteur à toujours devoir retourner en arrière. Cette zone de flou gênait la compréhension de l’histoire.
  • La fin du livre n’est pas claire et confronte le lecteur à l’incompréhension. Il est difficile de comprendre ce qui arrive aux personnages.

 

Est-ce que Mektoub mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens 2017?

Pour son style d’écriture polyvalent et son souci du détail, le roman de Serge Lamothe a des chances de gagner le prix littéraire. Toutefois, son caractère déstabilisant pourrait lui nuire lors du processus de vote.

Mektoub a reçu, dans notre groupe, la note de 7/10. Il reste dans le top trois des  cinq livres en lice.


Notre citation préférée
: « Jusqu’au tout dernier moment, on a le choix: on peut foncer tête première dans le piège que nous tend le destin, mais on peut tout aussi bien s’en détourner et poursuivre notre route sans être inquiété.»

 

Crédit photo: François Roy

PAR

Alexandre Gravel
Vicky Bérubé
Karolane Masson
Valérie Bergeron