Voyage au cœur du siècle, par Valérie Lajeunesse
8h15 : Les équipes sont complétées, les noms sont trouvés et la poésie est dans le tapis. L’heure est venue de découvrir la première conférence. Direction la bibliothèque, au local d’apprentissage actif, où nous attendent nos professeurs accompagnés d’une femme.
Elle se nomme Mélanie Loisel. Née à Fermont, dans le nord du Québec, elle entretient dès sa jeunesse une passion pour le journalisme, qu’elle étudie à Montréal. C’est une série de bouleversements dans sa vie, dont la perte d’un emploi et son retour au célibat, qui la pousse à se lancer dans un projet qui lui trotte dans la tête depuis un certain temps: aller à la rencontre de personnalités qui ont « vécu le siècle ». Elle rédige donc une lettre dans laquelle elle demande un entretien afin de poser trois questions: quelles leçons tirez-vous de votre expérience? Comment voyez-vous le monde aujourd’hui? Quel est votre message pour la jeunesse? C’est grâce à ces trois simples questions qu’elle a réussi à rencontrer 62 personnes qui ont marqué le XXe siècle et a donné naissance au livre Ils ont vécu le siècle, de la Shoah à la Syrie. Mélanie nous raconte les improbables entrevues qu’elle a menées avec, entre autres, le petit-fils de Gandhi et Kim Phuc, petite fille dont la photo a fait le tour de la planète lors de l’attaque au napalm pendant la guerre du Vietnam. Le groupe d’étudiants n’ose pas un son, obnubilé par les histoires atypiques des personnalités décrites. C’est Roxanne Bouchard qui brise la glace, et questionne en rafale la journaliste.
Pendant cette série d’entrevues, Mélanie rencontre également Martin Gray, homme au destin tragique qui a perdu sa première famille lors de la Deuxième Guerre mondiale, puis sa seconde dans un incendie. Son histoire possède une telle profondeur que l’écrivaine décide d’en faire un seul livre, Ma vie en partage. Fidèle à son angle d’approche, elle oriente M. Gray, âgé de 92 ans lors de la parution du livre, vers un discours plutôt actuel.
Notre conférencière termine en nous parlant de son tout dernier livre, Ma réserve dans ma chair, l’histoire de Marly Fontaine, artiste autochtone qui, dans le cadre de son projet final à l’université, s’est fait tatouer un numéro, qui représente l’entité qu’elle est pour le gouvernement canadien.
C’est tout empli de mille et une histoires que le groupe reprend la direction du quartier général faire le plein de caféine avant le retour à la bibliothèque.
Difficile, l’autofiction, par Maude Dulong
Dans la bibliothèque, tous sont assis. Catherine Asselin, responsable-chef de l’activité, nous explique son contenu. Il s’agit d’un atelier d’autofiction qu’elle illustre à partir de l’extrait d’un roman. Les explications terminées, elle nous laisse à la rédaction de notre autofiction: nous devons raconter un moment embarrassant.
Certains sont assidus dans leur écriture, le café ayant fait l’effet escompté, d’autres sont en retrait, bavardant ou tout simplement absents de la salle. Le cliquetis d’un appareil photo se fait entendre sans arrêt. Les élèves se font mitrailler par la lueur du flash d’un appareil photo sans qu’ils puissent rien y faire. Les responsables de l’atelier tentent tant bien que mal de rassembler tout le monde, mais rien n’y fait. Seule l’équipe des Olympiennes écoute les consignes, allégeant la tâche des professeurs.
Quelques minutes passent, Les Olympiennes ont toutes terminé, sauf une qui désespère à trouver l’inspiration. Les autres équipes, elles, grouillent un peu partout. La voix de Catherine leur sonne l’alarme ultime : « Il ne vous reste que dix minutes à la rédaction ! » La panique nous gagne.
Tous accourent à leur chaise, crayon en main et cerveau en marche. Il ne reste plus qu’à se plonger dans l’intériorité, à enclencher la méditation précipitée, en priant pour que nos textes aient du sens. L’autofiction n’est pas simple pour tous, raconter une histoire embarrassante, c’est plus facile à dire qu’à faire, surtout pour ceux et celles qui sont plus discrets.
Les minutes s’écoulent, les élèves sont dans une course contre la montre. Tous se lancent des regards inquiets, commettant des erreurs de français plus ridicules les unes que les autres. L’heure fatidique arrive finalement, le temps a cessé de tourner. Tous attendent leur tour de honte, qui se lancera en premier ?
Une fille de l’équipe Olympienne se lève, son texte bien droit dans ses mains pourtant tremblotantes. Personne ne sait si elle a décidé par elle-même ou si c’est les membres de son équipe qui l’ont envoyée directement dans la fosse aux lions. Le photographe est prêt, l’appareil est dirigé pour capturer tous ces moments embarrassants.
La lecture se déroule bien, quelques petits éclats de rire nerveux sortent et tous se sentent un peu plus à l’aise. L’équipe des Petits Poulets amorce la lecture de son texte, le rire de chacun se fait de plus en plus fort. Les Grands Connes suivent et réussissent à faire tomber le peu de gêne qui restait dans la salle.
Pendant ce temps, Hugo, le photographe, ne sait plus où donner de la tête, trop de propositions photographiques lui viennent à l’esprit. Les Vieilles Torches mettent le feu à la pièce tandis que les Enflammées, elles, éteignent le tout avec une histoire de drain de piscine.
L’activité se termine avec un torrent de rires tandis que, dans un coin de la salle, Hugo est accroupi, cherchant toujours LA photo qui rendrait le mieux sa gloire.