Il était une fois, dans une grande ville bondée de monde, une petite boule composée de poils et de tentacules, par lesquels sortait toujours une sorte de petit liquide vert. Son nom était Suriv et dès qu’il s’approchait des gens, ceux-ci partaient en courant. Suriv était très triste dans cette ville immense où personne ne voulait de lui. Un bon matin, il décida de se faire un tout petit sac et d’y mettre son manteau, sa brosse à dents, son livre favori ainsi que deux petits morceaux de chocolat et d’enfin quitter son doux dépotoir.
Après déjà 26 jours de voyage dans plus de 132 pays, le pauvre Suriv n’avait toujours pas trouvé d’endroit où se sentir chez lui. Il était pourtant allé partout; dans les centres commerciaux, dans les hôpitaux, dans les parcs, mais même les enfants ne voulaient rien savoir de lui. Tout le monde le chassait.
Un jour, il trouva un endroit comme il n’en avait jamais vu! Il y avait des jeux, des glissades, des tapis et de l’eau partout. Juste à regarder tout cela, ses tentacules se mirent à suinter comme elles ne l’avaient jamais fait. En moins de deux minutes, la piscine dans laquelle il venait de plonger s’était transformée en un liquide encore plus collant qu’un pot de glu. C’était le plus bel endroit au monde, il en était sûr. Après tout, l’humidité, c’était ce qui le gardait en vie.
Dans son joli château, les journées passent et se ressemblent. Il glisse, se fait bronzer sous les néons, joue au ballon… Mais peu importe l’activité qu’il fait, il se sent extrêmement seul. Il voudrait pouvoir donner au monde entier tout ce qui l’habite, mais ce dernier ne cesse d’augmenter les façons de l’éloigner.
Un jour, Suriv décida d’aller explorer le sous-sol. C’est alors qu’il y découvrit plusieurs serviettes qui empestaient. Il y accourut pour inhaler d’un peu plus près cette divine senteur.
-Ah! Que c’est bon d’enfin se sentir chez soi!
-Mais qui es-tu? Que fais-tu chez moi?
Une petite boule, de la même grosseur que Suriv, sortit de sous le tas de serviettes. Celle-ci se distinguait par ses gros trous à la place des tentacules.
-Je ne comprends pas, c’est chez moi ici! Ça fait déjà 2 mois que j’habite en haut et je ne t’ai jamais vu.
-Moi, c’est Eirétcab! Je me cache ici depuis déjà onze ans. Les humains ne voulaient rien savoir de moi, et dès que je m’approchais d’eux, ils s’enfuyaient. Ils ont même créé un antidote qui réussirait à me tuer en un rien de temps. Et toi, pourquoi es-tu ici?
-Je m’appelle Suriv! J’ai seulement été découvert il y a cinq mois! J’ai déjà fait le tour du monde, mais personne ne veut de moi. Tu es la première à m’adresser la parole.
-Je crois que j’ai attendu quelqu’un comme toi toute ma vie.
Eirétcab fut surprise de voir que le centre aquatique était totalement désert. Elle n’avait jamais assisté à quoi que ce soit du genre. Elle pouvait enfin profiter de tous ces jeux avec le petit monstre qu’elle aimait. La hideuse beauté poilue laissait une trace rose gluante partout où elle passait, ce qui permettait à son bien-aimé de la retrouver peu importe où elle allait.
Ils jouèrent ainsi, dans leur palais humide, pendant encore plusieurs années, jusqu’au jour où Eirétcab eut un petit garçon, qui à lui seul était plus destructeur que ses deux parents réunis. Il leur en voulait tellement de l’obliger à vivre enfermé qu’il les tua sans aucun remords.
On eut ici la preuve que ce que crée l’amour est plus fort que tout.
Par Emy Laviolette