Suzanne Travolta, d’Élisabeth Benoit, est un roman intéressant à bien des égards. Superposant une histoire de suicide, une enquête policière et le quotidien des personnages principaux, l’auteur a su manier sa plume pour créer une œuvre pour le moins intrigante.
Le roman débute avec le suicide de Marie-Josée, la sœur de Laurent, une vedette de télévision locale. Elle vivait sur la même rue que Suzanne Travolta, la protagoniste. Pour une raison mystérieuse, Bob et Mike, deux détectives un peu louches, sont chargés d’enquêter sur cette dernière. Tout au long du roman, la narration est partagée entre Bob et Suzanne. Cette caractéristique est un des points forts de ce roman puisqu’elle permet de jeter un regard différent sur le personnage énigmatique et discret de Suzanne Travolta.
D’ailleurs, les nombreux retours dans le passé sont un autre point positif de l’œuvre. Laurent et Raymond, son ami d’enfance, semblent tous deux éprouver des sentiments amoureux pour Suzanne. Au fil de leurs discussions, ils racontent de nombreuses anecdotes de jeunesse à cette dernière. À de rares occasions, Suzanne elle-même se confie à propos de sa vie passée. Ces sauts dans le temps nous en apprennent plus sur les personnages, mais contribuent surtout à les rendre plus mystérieux. « Moi-même j’avais été élevée par quelqu’un d’autre, comme on dit, moi-même je n’avais pas été élevée par ma mère et par mon père, mais par des femmes payées par mes parents ».
Suzanne Travolta n’est pas une œuvre parfaite et possède quelques légers défauts, à commencer par les longs paragraphes et les phrases qui semblent ne jamais finir. « Il avait fallu, tout au long des funérailles de Marie-Josée, qu’elle explique à à peu près tout le monde à quel point Marie-Josée et elles étaient liées au fond, et ce souvenir soudain était venu me hanter alors que Ray continuait à me parler du frère et de ce fameux canapé Bauhaus sur lequel je m’étais déjà assise, je le savais, mais sans pourtant remarquer ce fameux canapé Bauhaus, je n’étais pas du genre à faire une remarque sur un canapé Bauhaus. » Dans cette œuvre, un paragraphe peut s’échelonner sur sept ou même huit pages. Ce rythme donne parfois l’impression que la lecture ne finira jamais.
En somme, bien que Suzanne Travolta présente certains points faibles, cela reste tout de même une œuvre qui mérite que l’on s’y attarde.
Par Nadine Forget