Shuni, troisième livre de Naomi Fontaine, écrivaine d’origine innue, met de l’avant une vision différente des Autochtones. L’œuvre est faite d’anecdotes que l’auteure nous raconte et il en découle beaucoup de sensibilité et d’humanité. Ce récit est une lettre écrite à une amie d’enfance, Julie, aussi appelée Shuni. L’auteure lui fait part de ce qu’elle a manqué depuis qu’elles se sont perdues de vue tout en lui expliquant ce qu’est la vie d’une Autochtone.
La narratrice défend son peuple, tout en étant calme, ne laissant transparaître aucune colère et n’accusant personne pour les conditions de vie de son peuple. Elle affirme qu’il y a certains Innus qui ont plus de difficulté que d’autres à réussir. Ceux-ci joignent les statistiques, mais ce n’est pas le cas de tous : « Un journaliste, certainement très au courant des chiffres, m’a demandé comment […] je m’y étais prise pour réussir mon parcours scolaire jusqu’à être diplômée de l’université. » Fontaine souligne les faux-semblants que les statistiques peuvent causer. Ces chiffres sont parfois considérés comme la destinée des autochtones.
Tout au long de son œuvre, la narratrice dépeint de façon dynamique quel genre de peuple les Autochtones sont: « Souvent, nous sommes déraisonnables dans notre joie ou notre colère. Souvent, nous nous laissons emporter quand il vaudrait mieux garder son calme, prendre le temps de respirer. […] nous laissons notre cœur dicter seul nos actions. Sans anticiper les conséquences. » La narratrice nous fait voir la chance qu’ils ont d’être aussi « sensitifs » et attachés à leurs valeurs ancestrales. Cette œuvre est une porte ouverte sur un peuple souvent méprisé et victime de racisme.
Par moments trop moralisateur, ce récit est toutefois un bel hommage aux Innus. Il nous montre sous un angle différent les Premières Nations ainsi que leur force de caractère.
Par Kim Ratelle