Nikita Zynchuck, surnommé « Le Mammouth », est immigrant et chômeur. Il est tué par balle en mars 1933 par un policier dans la rue à Montréal. Plusieurs témoins racontent ce qu’ils ont vu ce jour-là. Dans une atmosphère de révolte et de frictions multiculturelles, la population assiste aux funérailles de la victime et au procès du policier innocenté.
Saupoudrée d’articles de journaux de l’époque, l’œuvre de Pierre Samson nous fait revisiter les anciens commerces de la métropole, elle nous replonge également dans l’ambiance de la crise économique par les thèmes abordés : la pauvreté et les inégalités sociales, l’immigration, le syndicalisme, le communisme, le racisme, et la brutalité policière.
On sent la volonté qu’a l’auteur de nous raconter le passé afin d’expliquer le présent. C’est une façon de montrer d’où on vient pour expliquer la petite route qu’on a parcourue en près d’un siècle.
La formule du livre fait penser au classique Chronique d’une mort annoncée de Gabriel García Márquez. D’abord un fait divers méconnu, ensuite la fragmentation du récit à la manière d’un roman choral qui relate un même évènement à travers le témoignage de différents témoins.
Ce roman est imposant par sa grosseur, sa lourdeur, ses lenteurs et ses touffes de descriptions détaillées à l’approche sociologique et à l’esthétique réaliste. Le roman de Pierre Samson porte bien son titre, Le Mammouth est le résultat d’un travail de recherches historiques minutieux et ambitieux, qui a toutes les caractéristiques de la bête qu’il représente. Le texte est dense et intéressant et le style à la Márquez lui donne une touche littéraire. Une œuvre impressionnante qui demande une lecture attentive et sérieuse, un apprentissage de nos racines sociales et politiques.
Par Marie-Pier Beaunoyer