Une joie sans remède, de Mélissa Grégoire, raconte l’histoire de Marie, une enseignante en littérature au cégep, qu’un deuxième arrêt de travail force à se questionner sur ses choix. Incapable de transmettre sa passion pour la littérature à ses étudiants, la femme de trente-trois ans est frappée par une dépression sévère. Elle entreprend alors une longue démarche d’introspection. Avec, entre autres, l’aide de la psychanalyse, elle tente de se réconcilier avec ses faiblesses, ses échecs et ses limites, ainsi que de faire le deuil de l’enfant qu’elle n’aura jamais eu.
Une joie sans remède nous confronte à un obstacle éprouvant auquel font face beaucoup d’enseignants : l’inaptitude de transmettre une culture qui les fait pourtant vibrer. Cette problématique touchera certainement bon nombre de lecteurs, pour qui la crainte de voir la culture s’éteindre n’est probablement que trop familière.
Mélissa Grégoire est une écrivaine à la plume directe et claire. En effet, Une joie sans remède est un texte sans grande ornementation ou enjolivure, qui va droit au but. Pourtant, l’œuvre n’est pas dépourvue de style. L’écrivaine nous démontre à travers cette écriture franche sa capacité à transmettre par les mots les émotions d’un personnage, ici celles de son personnage principal, Marie, dont le malheur est palpable.
« J’ai envie de mettre un écriteau sur la porte : “ Fatiguée, très fatiguée. Ne pas déranger ”. Envie d’éplucher des patates, de faire de la soupe aux légumes. Envie de rentrer dans le silence. »
Le texte ne suit pas une chronologie parfaite. Il est entrecoupé par les observations de Marie et par les souvenirs qu’elles lui suscitent, aspect qui ralentit le rythme de l’histoire, mais qui, encore une fois, crée un lien d’intimité entre le lecteur et le personnage principal. Cependant, cette lenteur confère inévitablement une certaine lourdeur à la lecture. Malgré cela, Une joie sans remède est une œuvre touchante et vraie qui nous donne envie de serrer sa protagoniste dans nos bras pour la rassurer.
Par Marianne Lavallée