Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 2018
Titre : Royal
Auteur : Jean-Philippe Baril Guérard est un jeune Québécois qui aura 30 ans cette année. Il a suivi une formation en tant que comédien à l’école de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe et, après avoir gradué en 2009, il s’est consacré exclusivement à l’écriture et à la mise en scène. Son premier roman, Sports et Divertissements, est paru en 2014. Entre-temps, il a coécrit Les cicatrisés de Saint-Sauvignac avec Sarah Berthiaume, Simon Boulerice et Mathieu Handfield.
Résumé : Tu entres à l’université. Tu te retrouves dans l’enfer des études de droits. « Au moins tu arrives à conserver la carrosserie quand tout ce qui est sous le capot est en train de lâcher. » Dans ta course aux stages, tu gardes tes ennemis près de toi, très près de toi. Pour dépasser tes échecs, tu dois effacer toute trace de ton humanité. C’est ainsi que tu deviendras le meilleur dans… le meilleur tout court. «Bonne chance.»
Propos : L’intégralité du roman repose sur trois thèmes: l’ambition, la déshumanisation et la destruction. On y retrouve aussi les troubles liés à la performance scolaire et les impacts de ceux-ci sur toutes les sphères de la vie des étudiants.
Points forts :
- L’implication du lecteur dans l’histoire. La narration à la deuxième personne du singulier implique le lecteur dans le récit. Il se surprend à vouloir lui aussi réussir à tout prix et est déstabilisé quand les choses tournent mal.
« On était trois jours avant le premier examen des intras. T’étais focus : t’avais commencé à consommer ton Concerta nasalement, en lignes, plutôt qu’oralement. » (p.81, Royal)
- Les dialogues sont accrocheurs et hyper réalistes. Ils rappellent les interactions qu’ont les jeunes adultes. Il y a une tension qui persiste tout au long de l’oeuvre et les dialogues ajoutent de la fluidité.
« -Deuxième, Cousin Fred dit.
-Chaude, tu dis.
-Un bon exemple de mauvaise décision, elle, justement.
-C’est vrai que c’est beaucoup, les seins.
-L’ensemble, en général, c’est beaucoup.
-T’as goûté?
-Oui.
-Folle?
-Crazy. Regarde-la. » (p.34, Royal)
Points douloureux :
- L’aspect sociopathe du protagoniste est parfois lourd et vient nuire à tous les aspect qui peuvent nous le rendre attachant.
« Je les ai pas, tes crisse de notes, Mike. Je suis pas assez con pour te voler ça. Je vais avoir ben plus de fun à te voir planter à l’examen en suivant les règles. C’est pas ça qu’on apprend, de toute façon, en droit? Planter le monde en suivant les règles? » (p.245, Royal)
- Les phases de la crise existentielle du narrateur sont longues et nous sortent de l’histoire de ce dernier.
« Tu t’es mis à tout imaginer dans un million d’années. […] Tu t’es dit qu’effectivement, tout ça ne signifiait absolument rien, et que même si quelqu’un dans la classe, toi ou un autre, finissait par mériter une statue à son effigie, les statues mouraient elles aussi […] Tu t’es demandé quand le pavillon de droit finirait par arrêter d’être entretenu; tu t’es imaginé la nature reprendre ses droits… » (p.71, Royal)
Est-ce que ce livre mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens?
L’oeuvre a tout à fait sa place dans la compétition pour gagner le Prix littéraire des collégiens. La narration est séduisante et permet de s’attacher au personnage principal, malgré ses défauts. Il est vrai que les thèmes qui sont liés à la fuite et à la drogue manquent d’originalité. Par contre, les thèmes sur l’obsession de performance et le suicide sont amenés de façon originale et se fondent bien avec la personnalité du personnage principal. De plus, le récit touche à l’univers des collégiens.
Pour toutes ces raisons, notre groupe attribue au livre une note 7.67/10 à ce livre.
Citations préférées :
« Tous les êtres humains sont décevants: il faut seulement leur laisser le temps. »
« T’as jamais été fan de dignité humaine de toute façon. »
PAR
David Hétu
Alex Laviolette