Fiche de lecture pour le Prix des collégiens 2017
Titre: Les maisons
Auteur: Fanny Britt est une dramaturge d’importance au Québec. Elle a écrit, entre autres, Honey Pie en 2003 (sa toute première pièce), Enquête sur le pire en 2010, Chaque jour en 2011. Elle est aussi traductrice et essayiste. Elle est reconnue à travers le monde pour ses romans jeunesse qui ont été traduits en plusieurs langues.
Résumé: Tessa, mère et courtière immobilière, est confrontée à la rencontre inattendue d’un amour de jeunesse. Cette rencontre va l’obliger à remettre en question ses choix personnels et familiaux.
Propos: Le doute qu’emmène la crise de la quarantaine.
Points forts:
- On remarque inévitablement que Fanny Britt a beaucoup d’expérience en écriture dramaturgique, ses dialogues se lisent comme une pièce de théâtre:
—Francis, quelle horreur, cette conversation.
—Je sais. Une de nos meilleures.
—C’est pas drôle.
—Pardon. Je pensais pas à mal.
—T’as jamais pensé à mal.
—Tu dis ça comme si c’était un problème.
—Je suis pressée. J’ai un pont dans la voiture.
Les dialogues sont efficaces, rythmés, à la fois sérieux et humoristiques.
- Les personnages (principaux et secondaires) sont complets et complexes, ils ont une personnalité, des doutes, des habitudes de vie: «Je me réveille en sursaut lorsque Jim rentre, juste avant minuit. Les bruits familiers de la clé dans la porte, de son trombone qu’il dépose sur le plancher et de la chasse d’eau des toilettes [...]»
- Le roman nous confronte à nos propres valeurs vis-à-vis l’infidélité. Tessa brisera-t-elle son couple pour aller vers un autre homme? Les questions au futur torturent le lecteur: « Jim souffrira de ça, et je vais le faire quand même.»
- Le personnage principal n’est pas le seul à illustrer les doutes de la crise de la quarantaine. Chaque personnage possède ses propres doutes. Par exemple, le personnage de Sophie doute constamment d’être au bon endroit. Dans sa jeunesse, il lui est souvent arrivé de partir en autobus vers un lieu inconnu ou encore de tenter toutes sortes de choses afin d’essayer de se trouver.
- La maturité du style de Fanny Britt est la grande force du roman. Sa narration est travaillée. On voit un registre de langue familier où le populaire s’invite de temps à autre sans que ce soit exagéré ou inutile. Cela rend le roman délicat. « Je fais oui de la tête, parce que, c’est vrai, il est possible qu’on se rappelle, je vends sa maison après tout, mais en même temps que ma tête fait oui, il y a mes yeux qui disent See you never, alligator, et il le sait […]»
Points douloureux:
- Le personnage du frère de Tessa arrive brusquement. Tout à coup, la narratrice en parle comme étant extrêmement important dans son histoire personnelle, alors qu’aucune allusion à ce personnage n’avait été faite avant le coup de fil de Francis.
- Les doutes de la narratrice s’effacent trop rapidement et facilement. Après seulement quelques minutes, lors de la rencontre finale avec Francis, les questions qui l’assaillaient ne tiennent plus.
- La fin du livre ne répond pas à toutes les interrogations du lecteur. On reste sans réponses sur des questions importantes, notamment sur celles qui sont liées aux motivations des personnages à poursuivre une relation à long terme.
Est-ce que Les maisons mérite de gagner le Prix littéraire des collégiens 2017?
Son propos rejoint les lecteurs, ses personnages sont complexes, complets et ses dialogues, efficaces. Malgré une fin qui ne répond que partiellement, nous semble-t-il, aux interrogations du lecteur, Les maisons, de Fanny Britt a reçu, dans notre groupe, la note de 7.8/10.
Nous croyons que ce livre mériterait de gagner le prix littéraire. Il est un véritable plaisir de lecture.
Notre citation préférée: « Combien de temps à gémir que je voulais le voir, juste le voir? Cesse-t-on de vouloir ce que l’on a ardemment voulu à vingt ans?»
Crédit photo: Julie Perreault
PAR
Liliane Tanguay
Claudia Laporte
Victor Bélair